La Rivière Saint-Sauveur est la plus récente commune de la Communauté de Communes du¨Pays de Honfleur-Beuzeville et la troisième par le nombre de ses habitants.
Elle est née de la volonté manifestée au début de la Révolution Fraçaise des habitants du hameau de la Rivière, situé dans la banlieue de Honfleur (entre le Bassin Neuf et la rive gauche de l'embouchure de la l'Orange), de former une commune libre. En 1831, au terme d'une période placée sous le sceau du provisoire, est constituée par une ordonnance de Louis Philippe Ier la commune de la Rivière Saint-Sauveur, réunissant le territoire de la Rivière (amputé du quartier de la Levrette) et une partie des territoires de Crémanville et d'Abbleville (hameau s'étendant de la rive droite de l'embouchure de l'Orange jusqu'à la chapelle Saint-Sauveur), anciennes paroisses qui ont été détachées de la commune d'Ablon à laquelle elles avaient été intégrées au moment de la Révolution française.
Au cours des années qui suivent sa fondation sont construits les édifices qui matérialisent l'accession des anciens hameaux situés de part et d'autre du port sur l'Orange, en chef lieu de commune: la mairie et l'école, tous deux à côté de la chapelle Saint-Sauveur qui est agrandie pour devenir l' église paroissiale.
Les espaces formant le territoire de la commune étaient consacrés à l' agriculture et à l'activité maritime.
L'activité maritime remonte au Moyen Age, grâce à l'aménagement à l'embouchure de l'Orange, dans la baie de Saint-Sauveur, sur la rive gauche de l'estuaire de la Seine, du port d'échouage de Crémanfleur. Il était situé immédiatement en aval du pont qui franchit ce cours d'eau. La route qui emprunte le pont était alors une voie de communication importante reliant Rouen à Caen par le littoral; elle longeait depuis le port de Berville jusqu'à Honfleur la rive gauche de l'estuaire de la Seine, en passant par l'abbaye de Grestain sous la juridiction de laquelle était placé le port.
L'activité portuaire, jamais considérable, s'est de plus en plus réduite au fil du temps. Elle a perduré jusqu'au milieu du XIX e siècle. L'un des trafics les plus importants concernait le cidre.
L'activité agricole présentait une spécificité: elle portait sur l'élevage du gros bétail pour le lait et la viande d'une part, et l'arboriculture d'autre part. L'élevage était pratiqué dans la vallée de l'Orange tandis que l'arboriculture se déployait sur le bas du versant du rebord du plateau. Ces deux activités se sont poursuivies jusqu'aux années 1970 mais en déclinant rapidement après la seconde guerre mondiale. Une activité de négoce y était rattachée qui avait son siège dans le bourg.
La construction d'une ligne ferroviaire reliant Honfleur à Lisieux, puis à Pont Audemer, va modifier profondément les données de l'économie communale dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
De nombreuses entreprises industrielles s'implantèrent, regroupées dans le quartier du Poudreux, près du port de Honfleur et le long de l'itinéraire de la voie ferrée qui prend en écharpe le bourg. La plus importante, l'entreprise Nobel, s'installa au sud du bourg qu'elle contribua à développer, dans la vallée de l'Orange. Elle s'étendait à son apogée sur 12 ha. Travaillant la pâte de cellulose, elle alimentait la dynamiterie d’Ablon en matière première et développait ses propres fabrications de celluloïd.
L'âge industriel de la Rivière Saint-Sauveur dure peu: dès 1900, Honfleur parvint à récupérer les espaces industriels situés au Poudreux (et notamment l'importante usine de bois Ullern); le dernier établissement, celui de la Nobel, aux effectifs de plus en plus réduits depuis la seconde guerre mondiale, ferma ses portes au début des années 1980. Malgré sa brièveté, cette phase de l'histoire a profondément imprimé sa marque sur la commune, tant au niveau des paysages que de l'esprit de ses habitants.
Privée dans le même temps de toute activité industrielle et de pratiquement toutes ses activités agricoles (du fait du non remplacement, lors des départs en retraite, des éleveurs et arboriculteurs), la commune a orienté sa reconversion vers le développement de sa fonction résidentielle au sein de l'agglomération honfleuraise. Il s'est agi dès lors d'aménager un cadre de vie agréable par la réhabilitation d'un bourg au bâti dégradé, par la disparition des friches industrielles, et par le développement d'une activité tertiaire, notamment celle qui permet la constitution d'un tissu de commerces et de services de proximité de qualité. Un pari dont les habitants commencent à voir les premiers fruits. La commune a aussi valorisé sa fenêtre le long de la "quatre voies " qui conduit de l'échangeur autoroutier à l'entrée de Honfleur en attirant des établissements hôteliers, des restaurants et quelques moyennes surfaces commerciales.